mercredi 19 septembre 2018

PAS D'OBLIGATION DE MOYEN DANS LA DIVINATION












Après la disparition du Quadrivium, relatif à la formation classique de l’éducation des 4 arts nécessaires à la connaissance, récupérée par l’expression arts divinatoires, les divinateurs détournent aujourd’hui une notion classique du droit civil en distinguant à leur profit obligation de moyen et de résultat. Un essai destiné à faire obstacle au premier des 3 objets possibles de l’obligation. Celui du dare. Il y a le dare, le facere et le praestare. Pour le dare la condition posée consiste à ce que la chose mise in obligatione soit un corps certain. Le transfert de propriété s’opère sur le champ solu consensu. Le consentement des parties. La lecture divinatoire n’est pas une chose, ce qui constitue un obstacle important. Elle ne se transfère pas, ni ne peut faire l’objet d’un droit de propriété. Le client du présageur n’est pas créancier d’avenirs en formation. Les divinateurs tentent de convaincre, avec les arguments d’une sous culture, de la légalité de leurs procédés de tromperie. La divination correspond à l’installation d’une autre société : celle de la rapine et de la tromperie généralisée comme mode de contrat social.  

Afin de s’exonérer d’une contrainte, à laquelle ils ne sont pas tenue, les astrologues, voyants, palmistes, présageurs et autres divinateurs, pratiquant au quotidien l’escroquerie divinatoire commerciale, déclarent qu’ils ne sont obligés, envers leurs clients, qu’en fonction de leurs capacités, et aptitudes à leur faire communément les poches. Autrement dit à s’excuser de ne pouvoir ni faire mieux, ni plus que la, ou les tromperies habituelles, auxquelles ils se livrent. Cette restriction s’exprime ainsi :

« Tous les Conseillers d'arts divinatoires sont tenus à une obligation de moyens (utilisation de leur savoir-faire, don) mais ils ne peuvent pas être tenus à une obligation de résultat » charte Wengo
Art. 5 : L’astrologue (membre de la FDAF) ne peut faire usage de l’astrologie que dans une optique d’aide et de compréhension d’autrui (priorité étant donnée à la personne plutôt qu’à la technique). Il proscrit toute pratique ayant trait à la superstition. Il ne doit profiter en aucune manière de la confiance et du pouvoir dont il est investi par son consultant. Il est soumis au secret professionnel » FDAF
« Les experts ont une obligation de moyens (utilisation de leurs connaissances, de leurs dons, de leurs savoirs » idealvoyance
« l’astrologue membre du RAO s’impose la conscience des limites dans l’exposé de son savoir et dans la mise en œuvre de son savoir faire » Conduite RAO

En d’autres termes les crédules reçoivent la tromperie qu’ils méritent.

La distinction classique moyen/résultat, ici inappropriée, se rapporte au Titre III du Livre III du Code civil « des sources d’obligation » articles 1100 et suivants. En posant pour définition :
Les obligations naissent d'actes juridiques, de faits juridiques ou de l'autorité seule de la loi.
C’est ainsi, en ce qui nous concerne, que le code civil pose le contrat en qualité de source juridique d’obligation. Un contrat n’est valide qu’en satisfaisant 3 conditions :

Article 1128
Sont nécessaires à la validité d'un contrat :
1° Le consentement des parties ;
2° Leur capacité de contracter ;
3° Un contenu licite et certain.

Les prestataires en divination demandent à leur client de déclarer leur âge, + de 18 ans, en se persuadant que leur aptitude à tromper suffira à berner les jeunes benêts, laissant de côté les 2 autres aspects : le consentement et le contenu licite et certain.

Le consentement est plus important que l’âge. Pour ce motif d’absence d’accord, la plateforme Cosmospace perdait son procès contre une cliente, à Paris, le 16 mars 2017. Car malgré 12 contrats successifs en quelques mois, pour plus de 9000€, la permission de la cliente faisait encore défaut. Incroyable mais vrai. L’avocate Aurélie Arnaud s’en mord encore les doigts aujourd’hui.

Afin de tourner à leur avantage, la difficulté du contenu contractuellement licite, les divinateurs ont transformé leurs prestations verbales en prestations téléphoniques. En changeant de contrat. Réclamant ainsi le paiement de taxes de télécommunication au lieu du prix des paroles verbales de l’oracle. TVA comprise afin de faire plus sérieux et encaisser davantage sans rien reverser bien entendu.   

Bref, lire les rides des fesses de la Sybille de Panzoust, afin de savoir si Panurge sera cocu, ne suffit plus pour recevoir dans sa couille les beaux carolus d’or du prix de la consultation. La capacité à tromper par des simagrées, consistant à mélanger des images entre elles, pour donner l’agenda des 15 prochains jours, ne suffit pas. Le divinateur doit aussi lire, et maîtriser, les modes d’emploi, des outils qu’il utilise. Il est révolu le temps où la Sybille de Panzoust se montrait en tenue d’Ève, sur le perron de sa porte, en disant à ses clients de se débrouiller, selon leurs moyens, pour récupérer son oracle, le lire, et le comprendre :
« La estoyt ung sycomore anticque : elle lescroula par troys foys, et, sur huyct fueilles qui en tumbèrent, sommairement avec le fuseau escrivuit quelques briefz vers. Puys les jecta on vent , et leur dist : Allez les chercher, si voulez; trouvez les, si pouvez; le sort fatal de vostre mariage y est escript”

Aujourd’hui Panurge dispose du droit de réclamer contre cette maltraitance, il peut se rétracter, demander le remboursement, et même recourir à un médiateur si nécessaire.

L’époque où le divinateur tirait motif de l’opacité de son oracle, de l’obscurité présagière, et de l’incompréhensibilité des lames du tarot appartient au passé. Le don est un mensonge, selon la pratique des tribunaux répressifs. Le tour de main pour embobiner le gogo, en combinant entre elles des techniques trompeuses, ne suffit plus depuis qu’une liste en est officiellement établie. S’excuser de mal plumer le client ne constitue pas une justification contractuelle. C’est pourtant ce que Wengo, la FDAF, le RAO, et consorts, essaient de convaincre en publiant, les uns après les autres, leurs chartes d’immoralités successives en s’excusant de ne pouvoir mieux faire.

Claude thebault 19/09/2018